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... lundi 7 mai 2007, 00h45, j'ai pas envie de dormir, j'ai trop honte de mon pays...

Youhou, le n°2 de l'Orkêstre à plumes, journal de BD, d'illustrature et d'écritage indépendant, sort jeudi. Viendez sur le site fraîchement mis en place :

En arrière-plan c'est la photo d'une vitre recouverte de givre. Et les lézards (les geckos plus précisément) c'est parce que l'hiver est doux cette année alors j'ai fait des lézards.

Bonne année, bonne santé, et tout. Et pour 2007 souhaitons un président pas trop dangereux (autrement dit vu comme c'est parti, une présidente pas trop dangereuse et pleine de bravitude, faute de mieux).

Non mais en fait, je réalise que c'est un peu dommage de ressortir mon blog après des mois d'inactivité (précédés de même pas un mois d'activité) pour y mettre une photo de Sarkozy, fut-ce (tigé) pour la bonne cause. Alors dans la foulée voici un dessin qui rafraîchira un peu l'atmosphère.

Sublime photo en une du quotidien gratuit Lyon Plus, le jour de l'annonce (enfin de l'annonce officielle) de la candidature de Sarko aux prochaines présidentielles. Ou comment rendre un personnage ridicule (enfin encore plus ridicule) par un simple cadrage... S'agit-il d'ailleurs du cadrage d'origine (la photo est de l'AFP) ou est-ce l'œuvre du journal ? Mystère.

Superbe image de ce graphiste polonais. Vraiment bien vu.

L'expo qui va avec est ici.

Il y a des clichés et des expressions qui, bien adoptés par le langage courant et l'imaginaire commun, font oublier ce qu'ils ont d'étrange, de surréaliste, ou même de carrément violent si on s'arrête une seconde sur ce qu'ils signifient vraiment.

Par exemple l'autre fois je regardais un rouleau à pâtisserie (c'est un truc que je fais parfois) et j'ai repensé à ce cliché largement apprivoisé par le commun des mortels de la mégère en tablier qui attend son mari fautif (il rentre trop tard, etc...) avec un rouleau à pâtisserie à la main. Voilà, c'est une image-clef, un truc commun et admis, qu'on a déjà vu dans toutes sortes de BD humoristiques, dessin-animés, sketches de Benny Hill, etc. Le rouleau à pâtisserie comme instrument de répression conjugale, c'est donc un concept parfaitement urbain et envisageable par tout être civilisé. Ca paraît complètement normal.

Pourtant, regardons un instant un rouleau à pâtisserie. Touchons-le, soulevons-le... Le constat est sans appel : c'est LOURD, c'est TRES DUR et nous serons catégoriques sur le fait que ça ferait SUPER MAL de se faire taper avec. Les probabilités de graves séquelles, voire de décès, ne sont probablement pas négligeables. Voir, pour de vrai, un individu se faire tabasser à coups de rouleau à pâtisserie serait probablement insoutenable de violence. Et pourtant, c'est devenu un gag récurrent tout ce qu'il y a de plus gentillet. Dingue, non ?

Alors un instant, j'ai pensé détourner perfidement ce cliché en faisant une BD mettant en scène une mégère monstrueuse qui serait la hantise des maris à conscience perturbée.

Rassurez-vous, j'ai vite réalisé que c'était complètement stupide, voué à l'échec scénaristique le plus pitoyable ; que j'étais encore jeune et qu'il ne fallait pas faire ce genre de chose, qu'il était trop tôt pour finir comme Uderzo.

J'ai l'impression que ce n'était pas aussi marqué avant : depuis quelques années, une recette qui marche fort, c'est celle du "c'est du vécu". Qu'il s'agisse d'humoristes (Gad Elmaleh, Jamel Debbouze), des chanteurs (Benabar, Vincent Delerm) ou des dessinateurs de BD, le principe est d'évoquer des choses du quotidien, des choses vécues auxquelles chacun peut s'identifier, à la limite en racontant plus ou moins sa vie. Parfois ça marche super bien, parfois moins.

J'ai lu le Parapluie de Sfar et en l'occurrence ça m'a gonflé. C'est une sorte de carnet autobiographique, une sorte d'ego-trip sans intérêt spécial, sans valeur ajoutée. Quand Trondheim nous raconte sa vie dans ses Carnets de bord, ça marche bien parce qu'il y introduit une forme de dérision et de tendresse et qu'il fait ça avec pudeur. Il ne donne pas l'impression de déballer son sac, mais de chercher à raconter quelque chose de potentiellement intéressant ou drôle.
Alors que dans le Parapluie de Joann Sfar, il n'y a pas de valeur ajoutée à la trame autobiographique.

Je m'en fous de savoir que sa fille a chié dans son bain, ça arrive à plein de bébés et ce n'est pas parce que c'est le bébé de Joann Sfar que c'est plus intéressant. Et puis il y a parfois le sentiment que Sfar joue la star (ok elle est facile), comme ce passage où il se raconte en train de jouer du banjo dans la rue avec sa copine à la fenêtre. Ok Joann, c'était sûrement un très joli moment de ta vie de couple, mais ce genre de moment est plus joli quand on le garde bien au chaud pour soi et sa bien-aimée. Moi, je te préfère quand tu racontes des histoires, comme dans Donjon, Grand Vampire ou Le chat du rabbin.

L'autre fois, en réponse à une candidature pour un poste de graphiste, on me dit que oui mais non parce qu'il faut quelqu'un qui ait vraiment une expérience réussie dans le domaine de la finance.

Il y aurait donc, en graphisme, des arcanes secrètes de la finance, parfaitement incompatibles avec celles des musées, de la presse sportive ou de la boucherie-charcuterie. En d'autres termes, le graphiste qui aurait oeuvré pour un grand magasin, une mairie et un bar à thème se transformerait, d'un coup d'un seul, en parfait néophyte dès lors qu'on lui demande de créer le logo d'une banque.

En tous cas, on ne m'a pas proposé d'option "finance" aux beaux-arts, mais de toutes façons j'aurais sûrement choisi "sports nautiques" ou "frites surgelées en gros".