Sfar system
J'ai l'impression que ce n'était pas aussi marqué avant : depuis quelques années, une recette qui marche fort, c'est celle du "c'est du vécu". Qu'il s'agisse d'humoristes (Gad Elmaleh, Jamel Debbouze), des chanteurs (Benabar, Vincent Delerm) ou des dessinateurs de BD, le principe est d'évoquer des choses du quotidien, des choses vécues auxquelles chacun peut s'identifier, à la limite en racontant plus ou moins sa vie. Parfois ça marche super bien, parfois moins.
J'ai lu le Parapluie de Sfar et en l'occurrence ça m'a gonflé. C'est une sorte de carnet autobiographique, une sorte d'ego-trip sans intérêt spécial, sans valeur ajoutée. Quand Trondheim nous raconte sa vie dans ses Carnets de bord, ça marche bien parce qu'il y introduit une forme de dérision et de tendresse et qu'il fait ça avec pudeur. Il ne donne pas l'impression de déballer son sac, mais de chercher à raconter quelque chose de potentiellement intéressant ou drôle.
Alors que dans le Parapluie de Joann Sfar, il n'y a pas de valeur ajoutée à la trame autobiographique.
Je m'en fous de savoir que sa fille a chié dans son bain, ça arrive à plein de bébés et ce n'est pas parce que c'est le bébé de Joann Sfar que c'est plus intéressant. Et puis il y a parfois le sentiment que Sfar joue la star (ok elle est facile), comme ce passage où il se raconte en train de jouer du banjo dans la rue avec sa copine à la fenêtre. Ok Joann, c'était sûrement un très joli moment de ta vie de couple, mais ce genre de moment est plus joli quand on le garde bien au chaud pour soi et sa bien-aimée. Moi, je te préfère quand tu racontes des histoires, comme dans Donjon, Grand Vampire ou Le chat du rabbin.